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Contes de nos forêts en Europe ( écrits par les enfants…)

Vivre en harmonie avec nos forêts

Les forêts ont toujours nourri l’imaginaire, les légendes, la mythologie et la culture des peuples. Le lien symbolique entre la vie d’un arbre et celle d’un être humain se retrouve dans toutes les cultures européennes. Le présent recueil pose un regard nouveau sur ce lien à travers la poésie et la prose de tous les États membres de l’Union européenne (UE). Les textes sont illustrés par des dessins d’enfants, qui donnent un aperçu unique, coloré et très subtil de la manière dont nous percevons les forêts et de ce qu’elles attendent de nous.

Plus de 9 000 enfants de 22 États membres ont participé au concours de dessin intitulé «Que signifie la forêt pour moi?», organisé par la direction générale de l’agriculture et du développement rural. Nous leur sommes très reconnaissants d’avoir aidé la Commission européenne à comprendre comment les enfants européens perçoivent leurs forêts et vivent avec elles et d’avoir contribué à montrer combien ces forêts sont importantes.Il existe de nombreux types de forêts naturelles, de couvertures forestières et de régimes de propriété des forêts dans l’Union européenne. Les forêts comptent parmi les ressources renouvelables les plus importantes d’Europe et sont l’une des principales sources de biodiversité sur notre continent. Elles contribuent à la régulation du climat, nous approvisionnent en matières premières, nourrissent la faune et la flore et constituent des havres de paix nous permettant d’échapper à la vie urbaine. En d’autres termes, elles offrent et protègent un large éventail de services écosystémiques. Les forêts sont une ressource essentielle pour l’amélioration de la qualité de la vie et la création d’emplois, en particulier dans les régions rurales.Pour assurer un avenir durable, l’Europe a besoin de ses forêts, et celles-ci ont besoin du soutien des citoyens européens, en particulier des jeunes et des enfants. Une relation harmonieuse avec nos arbres et nos forêts est un élément important de notre quotidien, et nous avons besoin de votre aide pour déterminer comment utiliser et traiter cette ressource extraordinaire et précieuse pour les générations à venir.

Belgique

Un arbre, une vie…L’arbre était, pour elle, une source d’harmonie. Durant ses promenades, elle admirait ce paysage… Des centaines d’arbres tous différents les uns des autres Y vivaient côte à côte, Formant un merveilleux ensemble. Ce tableau la faisait méditer sur la vie… La forêt et le monde se ressemblent Car leur diversité les rend uniques et magnifiques.Elle était là, devant cet arbre Parmi tant d’autres, Mais c’était celui-là qu’elle avait choisi. C’était Son arbre, Et elle s’était fait la promesse que personne ne lui causerait aucun mal. Elle voyait de plus en plus d’hommes Détruire cette superbe forêt menacée par La bêtise, l’égoïsme et l’ignorance.Chacun pourrait réfléchir à ça, Et s’asseoir sous un arbre, sous son arbre, Méditer et réfléchir dans la lumière qui transperce ses branches, Dans sa musique de chants d’oiseaux et de vent… Cet arbre était son ami. … Cet arbre lui ressemblait terriblement, Tous les deux surmontaient la vie et ses épreuves. Elle l’avait vu sous toutes ses nervures, ses couleurs, ses beautés. Que ce soit en été, au printemps, en hiver, en automne, Elle l’admirait et chaque saison l’embellissait. …Un arbre, c’est sacré! Un arbre, ce sont nos racines! Un arbre, c’est notre avenir! Un arbre, c’est notre oxygène !

Bulgarie

Les rêves d’une forêt.  Chuuut! Écoutez! Elle verse des larmes amères et sanglote en silence. Elle essaie de se dérober aux regards, enveloppée de brouillard, emplie de milliers d’ombres. Dissimulée dans le mystère du vent de printemps, elle agite ses innombrables bras. Elle étreint la Bulgarie tout entière. Et ses larmes, plus pures qu’un rêve d’enfant, se consument dans la neige de février. Chuuut! Écoutez la forêt pleurer en silence! Sa fraîcheur se dissipe rapidement. Elle se transforme en hôtesse avenante et lumineuse. Au printemps, tous ses rêves se réalisent et elle redevient mère. En mars, elle voit naître sous ses branches le perce-neige, le crocus et le bleuet. Elle les abrite sans les étouffer. La forêt chérit tous ses enfants, le loup, le renard, le chat sauvage, le cerf, le lièvre et tous ses autres occupants. Elle ne peut pas les traiter comme une simple nourrice. Elle est leur mère au plus profond d’elle-même. Quels pourraient être les rêves d’une mère? Que peut-elle souhaiter? Son seul désir est de protéger ses enfants. Tel est également le rêve de la forêt. Elle cherche à préserver le plus petit des insectes, le plus petit des oiseaux, chacun de ses enfants. La forêt est une source de fraîcheur, de vie et de calme. Elle possède une force à nulle autre pareille. Elle préserve l’eau qui nous désaltère, purifie l’air que nous respirons et endigue érosion et glissements de terrain.Écoutons les pleurs silencieux de la forêt. Peut-être pleure-t-elle à cause de nous.

République tchèque

L’homme vert de la forêt.  La forêt rappelle la mer. Elle est vaste, informe, la cime de ses arbres ondule au vent telle l’eau. Les paysages de notre pays, si loin de la mer, ont toujours été naturellement boisés, et il fallait, pour se nourrir et se bâtir un toit, prendre à la nature les terres nécessaires. C’est à la forêt qu’on les a prises. Il est aujourd’hui impossible d’imaginer à quel point les hommes étaient auparavant cernés par cette forêt qu’ils craignaient, qu’ils exploitaient et qu’ils peuplaient de diverses créatures. Aussi depuis la nuit des temps la forêt est-elle représentée par un personnage symbolique: sur les ouvrages gothiques, elle est incarnée par une sculpture de pierre en forme de démon, connu sous le nom d’Homme Vert. De la forêt nous ne voyons qu’une moitié, car l’autre se trouve sous terre. La forêt change chaque jour. Il ne suffit pas de s’y promener, il faut encore regarder autour de soi, et s’imprégner — comment le dire — de son souffle, de son âme et de son langage. Puis soudain l’on sent que la forêt nous accepte, que nous ne formons qu’un, que nous nous comprenons, que nous n’avons nul besoin de nous parler et que nous pouvons demeurer silencieux car nous partageons le même secret.

Danemark

Comme la forêt est vaste, comme l’air y est fraisComme la forêt est vaste, comme l’air y est frais, Coucou! Lorsque poussent le fraisier et le muguet, Coucou! Et dans l’écorce des marques sont gravées, Là où une nuit sous la lune je reçus un baiser, Coucou! La-la-la! Coucou! Au clair de lune la forêt révèle ses merveilles, Coucou! Il fait bon s’y promener aussi sous le soleil, Coucou! Si tu écoutes le chant du coucou tu sauras, Combien de baisers tu recevras et d’années tu vivras, Coucou! La-la-la! Coucou! Ne laisse pas la vie passer à côté de toi, Coucou! Souviens-toi que toujours jeunesse s’en va, Coucou! Le fraisier et le muguet poussent dans les bois, Où et quand, le coucou te le dira. Coucou! La-la-la! Coucou !

Allemagne

La forêt dans l’histoire allemande: trois points de repère1713 — Un livre écrit en Saxe change le monde Sylvicultura oeconomica, tel est le titre du gros ouvrage dans lequel Hans Carl von Carlowitz résume pour la première fois toutes les connaissances de son époque sur les forêts. Comme on abat beaucoup plus d’arbres qu’il ne peut en repousser, il lui vient une idée: ce n’est qu’en prenant grand soin de la nature que nous pourrons la préserver pour les générations futures. C’est le principe de la durabilité toujours d’actualité aujourd’hui. 1812 — L’Allemagne mythique — La forêt est notre âme. Les frères Grimm publient le premier volume de leurs Contes de l’enfance et du foyer. Ils rassemblent au total plus de 200 contes dont la forêt est le décor principal. Sans elle, les personnages de nos contes et de nos fables n’auraient pas de foyer. 1949 — La planteuse de chêne: un monument pour 50 Pfennig Gerda Werner pose comme modèle dans l’atelier de son mari sculpteur. Dans le cadre d’un concours, on cherche pour la pièce de monnaie de 50 Pfennig un motif symbolisant la reconstruction de l’Allemagne. Werner dessine l’image d’une jeune femme agenouillée en train de planter un petit chêne, et il est le gagnant. La pièce avec la planteuse de chêne reste en circulation pendant plus de cinquante ans et nous rappelle ces femmes qui ont participé à la replantation des forêts dévastées.

Estonie

La forêt estonienne.  La forêt est notre maison L’endroit le plus sûr entre tous La forêt est notre refuge Là le danger n’entre pas. Dans la forêt, le silence que nous écoutons est plus paisible que tout Dans la forêt, nous jouons à cache-cache et construisons des cabanes. Dans la forêt, nous rechargeons nos batteries intérieures et ramassons des champignons que nous faisons frire dans la poêle. Nous cueillons des myrtilles et préparons des confitures Nous ramassons des plantes médicinales qui guériront nos bobos. Au bord de la mer nous dressons nos tentes sous les pins et, envahis par leur senteur enivrante, nous nous endormons en souriant. Les jolis sentiers de la forêt sont à jamais gravés dans nos mémoires Quel bonheur de parcourir à ski la forêt recouverte de son manteau de neige. La vapeur du sauna nous attend après notre vivifiante balade en forêt.  Et c’est avec le bois de la forêt que nous chauffons le sauna. Avec les arbres de la forêt nos maisons nous construisons. Même loin de chez nous.  Nous sommes dans la forêt en pensée.

Irlande

Comme nous regrettons l’ombre et l’abri que nous offraient les arbres!Au temps jadis, l’Irlande était totalement recouverte de forêts et de bois. Les gens qui vivaient là en savaient long sur les arbres. L’un des signes de leur savoir, ainsi que de leurs affinités avec les arbres, c’est que les lettres «ogham» viennent de noms d’arbres (le «ogham» était le système d’écriture utilisé par les Irlandais avant l’arrivée de l’alphabet romain):A (ailm) pin, B (beith) bouleau, C (coll) noisetier, D (dair) chêne, E (eabhadh) tremble, F (fearn) aulne, G (gort) lierre, I (íodha) if, L (luis) sorbier, M (muin) épineux, N (nion) frêne, O (oir) ajonc, P (peith) hièble, R (ruis) sureau, S (sail) saule, T (teithne) ajonc, U (ur) bruyère.Les gens portaient une grande affection aux arbres et de nombreux saints ont pris les forêts sous leur protection. C’est peut-être grâce à saint Kevin que Glendalough (aujourd’hui un très beau parc naturel boisé) est encore dans son état d’origine, car le saint a interdit d’abattre ou de détruire les arbres:«Kevin a promis une vie brève, suivie d’une éternité en enfer, à quiconque brûlerait du bois vert ou détruirait des arbres venant de cette forêt.»Pourtant, au fil des ans, les arbres ont été abattus. À partir du XVIIe siècle, l’abattage des arbres a progressé rapidement. On pense que le poème Cill Chais a été écrit au début du XIXe siècle:Et maintenant, que ferons-nous sans bois?Les derniers arbres ont été coupés…Bien que les forêts aient été abattues et que le paysage irlandais se caractérise aujourd’hui par sa nudité, les noms de lieux témoignent de leur existence passée et de leur survivance dans la mémoire. Voici quelques exemples dans les quatre provinces:«Forêt éclaircie» (An Chreatalach), «Plaine de l’arbre sacré» (Magh Bhile), «Colline du frêne de montagne» (Cabhán an Chaorthainn), «Bois de chênes» (Doire), «L’if du haut de la grève» (Iúr Chinn Trá), «Gué au frêne» (Áth na Fuinseoige), «Plaine du petit houx» (Maigh Cuilinn), «Bois aux troupeaux» (Coillte Mach), «Bourg du gué au sureau» (Baile Átha Troim), «Église aux prunelliers» (Cill Airne), «Chemin du petit bois de chêne» (Bealach an Doirín), «Terre de l’if» (Tír an Iúir), «Frontière du sureau» (Meathas Troim), «Lieu couvert de lierre» (Eidhneach), «Embouchure du gué au bouleau» (Béal Átha Beithe), «Petite colline au fraisier» (Ard na Caithne), «Bois haut» (Fiodh Ard), «Rivière du chêne noir» (Abhainn na Daraí Duibhe), «Mont aux hêtres» (Sliabh Feá), «Église au chêne» (Cill Dara), «Prairie au saule» (Cluain Saileach), «Crête du frêne de montagne» (Droim Caorthainn).

Grèce

Le mythe d’Érysichthon.  Érysichthon, roi de Thessalie, s’était forgé une solide réputation de par son caractère irrespectueux, arrogant et avide. L’envie lui vint de construire un palais majestueux et il décida de couper du bois dans une forêt voisine. Il se mit ainsi à abattre les arbres de la forêt de manière irréfléchie. Les habitants, en voyant que l’avidité du roi le poussait à l’excès, essayèrent de le dissuader de couper autant d’arbres sans raison et lui exprimèrent leurs craintes de le voir s’attirer la colère de Déméter, déesse de l’agriculture. Érysichthon ignora leurs avertissements et proféra des paroles sévères tant à l’encontre des arbres que de la déesse Déméter. La déesse Déméter fut tellement en colère qu’elle décida de le punir en demandant à la déesse Famine de le condamner à la faim perpétuelle, et ainsi fut fait. Érysichthon commença à pâtir d’une faim qu’il ne pouvait apaiser d’aucune manière, quoiqu’il mangeât. Bientôt, il se mit à perdre tous ses biens qu’il dut vendre pour se procurer l’argent qui lui permît d’acheter de la nourriture. Finalement, il dut se résoudre à se séparer de son palais, de ses serviteurs et de son unique et ravissante fille. Affamé, Érysichthon finit par dévorer sa propre chair et mourut, sans avoir jamais pu apaiser sa faim.Conclusion Ce mythe symbolise l’avidité et l’exploitation irréfléchie des ressources naturelles; il fait référence à l’homme moderne qui, sans mesure, consomme plus qu’il n’en a besoin, privant ainsi les enfants de leur avenir, ce qui, au final, le condamnera à disparaître.

Espagne

À un orme sec. Sur le vieil orme, fendu par la foudre et pourri en son milieu, avec les pluies d’avril et le soleil de mai, quelques feuilles vertes sont apparues.L’orme centenaire sur la colline que lèche le Douro! Une mousse jaunâtre tache l’écorce blanchâtre du tronc vermoulu et poussiéreux.Contrairement aux peupliers chanteurs qui protègent le chemin et la rive, il n’abritera pas de rossignols bruns.Une armée de fourmis en file indienne grimpe sur lui, et dans ses entrailles, les araignées tissent leurs toiles grises.Avant que ne t’abatte, orme du Douro, le bûcheron avec sa hache, et que le menuisier ne te transforme en support de cloche, en timon de charrue ou en joug de charrette; avant que rouge dans l’âtre, demain, tu ne brûles dans une misérable chaumière, au bord d’un chemin; avant que tu ne sois déraciné par un tourbillon et que tu ne plies sous le souffle des montagnes blanches; avant que le fleuve jusqu’à la mer ne t’emporte à travers vallées et ravins, orme, je veux noter sur mon carnet la grâce de ta branche reverdie. Mon cœur espère aussi, en se tournant vers la lumière et vers la vie, un autre miracle du printemps !

A suivre…

Contes de nos forêts.  Les textes de ce recueil ont été choisis avec l’aide des ministères chargés des forêts dans les États membres. Pour plus d’informations sur les forêts de l’Union européenne et sur la stratégie de l’UE dans ce domaine, voir http://www.ec.europa.eu/agriculture/forest (en anglais uniquement).

 

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