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Jeunes engagés face aux crises. Et les autres ?

Si seulement les jeunes devenaient les acteurs clés d’un changement sociétal radical ? J’en rêve …
face aux petits pas de nos dirigeants et d’une majorité d’adultes !

En ce sens Claire Thoury, membre en particulier du CESE, nous offre un nouvel ouvrage dans
l’intéressante collection « Mondes en transitions » des éditions Les Petits Matins (octobre 2023, 104
pages, 14 €) : « S’engager, comment les jeunes se mobilisent face aux crises ». 


Une façon de voir le verre à moitié plein et de vouloir aller plus loin.

Mal-être mobilisateur ?
D’emblée, je me suis demandé « et les autres ? », la majorité, qu’est-ce qui pourrait les mobiliser
concrètement ? Inspiration pour nos propres actions, il ressort assez nettement que raison et
émotion se combinent et il est temps de prendre en compte cette dimension émotionnelle qui joue
différents rôles…. selon que c’est la « rage » de résister, de construire, ou la violence liée à
l’impuissance des jeunes. Et au-delà qu’on me pardonne si je suis un peu « provo », j’ai cru déceler
souvent en filigrane un « mal-être mobilisateur » : « des jeunes qui ne vont pas bien ? ». Cet
« amalgame » mérite d’être reconnu : la souffrance de et pour notre monde a de quoi entrer en
résonnance ou en synergie avec notre propre souffrance intérieure, ou au moins nos propres
« caprices ». C’est une autre approche de l’engagement qui émerge après le « règne » des structures
rigides.

S’engager, mais autrement
La période où l’on « rentre dans le moule » de l’organisation est en train de s’étioler (période
« timbre » selon le sociologue Jacque Ion cité par l’autrice). Emergent des « formes d’engagement
plus en accord avec l’individualisation de la société ». Période « post-it », propice même à
« l’individuation » qui oblige à repenser les façons de s’engager et de faire fonctionner les
associations et l’ensemble des acteurs de l’ESS. Période beaucoup plus instable et difficile qui , elle,
prend en compte les affects pour les futures mobilisations. Il en est ainsi de la distinction entre « six
types d’engagements… non exclusifs les uns des autres » (Pansement, vocation professionalisante,
cause, charité chrétienne, épreuves identitaires, sacrificiel). Utile.

Souffrance-plaisir, un équilibre précaire ?
Et corrélativement, ne faut-il pas reconnaitre la tension entre des attentes perçues comme
« contraires » ? A la « croisée de l’éthique et du plaisir » selon Stéphanie Vermeersch citée aussi par
l’autrice et qui irait de pair avec « l’articulation de l’individuel et du collectif », car « l’individuel c’est
un moteur de l’action… le collectif c’est ce qui rend possible le changement » !
S’agissant de jeunes (adolescents), je me suis interrogé en particulier sur la tension et la puissance de
« l’émancipation vis-à-vis de la famille ou de l’école », dilemme résistance-construction vs violence, à
aborder à l’aide du « cercle de l’autonomie » à mon avis, ce qui permet de passer de la « contre
dépendance » à l’interdépendance !… soutenant ainsi la force pour, à la fois, « défendre une
cause…se rassembler… et faire vivre cette culture jeune en dehors des cadres traditionnels souvent
contraignants », « trouver un équilibre entre… aspiration profonde à plus de radicalité… et besoin de
s’épanouir en tant qu’individu ».

Des résultats visibles, et vite !

Ce n’est pas de trop. Car la « génération Greta » se veut, elle, « beaucoup plus radicale », elle a
besoin de « résultats concrets », avec des « résultats tangibles », pour des « changements
d’ampleur », car pour eux « les petits pas ne suffisent pas » ! Tout en reconnaissant que les
« institutions… malgré certaines lenteurs et une nécessaire modernisation sont absolument
indispensables », preuve d’une approche ouverte, nuancée, et sans doute constructive.

Besoin de reconnaissance
D’autant plus que, en même temps, « les jeunes s’engagent aussi pour être reconnus et mieux
considérés » et pour « partager le pouvoir [qui] implique la coconstruction » et « l’exemplarité » et
avoir de la puissance au service de ces résultats concrets.

Entre pouvoir et puissance : de nouvelles alliances ?
Cette « dichotomie » clarifie les rôles. Les « associations n’ont pas le pouvoir… Mais elles sont
puissantes dans la mesure où elles produisent des actions concrètes », de quoi s’interroger sur les
alliances possibles entre les collectivités locales et les associations, ou du moins certaines. Sujet à
creuser ? Oui sans doute, y compris probablement en cherchant à « réenchanter les corps
intermédiaires », plus proches., même s’il ne faut pas sous-estimer le choc culturel car« ce n’est plus
la structure qui fait ses bénévoles, mais l’inverse » alors même que ce n’est pas « suffisant, car cela
ne permet pas de bâtir un cadre collectif et donc des références partagées ». Mais « il y a urgence à
construire un récit qui entraine largement ».

Oui, mais quel récit ?
En cette fin 2023, la question ne semble pas présente dans l’inconscient collectif. Or, « le système ne
peut changer qu’à la condition d’un débouché politique clair ». Je suggère de bien distinguer ce que
nous voulons : poursuivre la logique techno-croissantiste, nous replier dans notre
« cocon national » ? Ou rêver à une société du « prendre soin » ? Une société démocratique ? Seule
capable de s’imaginer ? Mais qui concrètement ?

Associations, ESS, pionnières du nouveau récit ?
Un récit inclusif. Inclusif pour les autres jeunes, moins et pas engagés. Pour les « autres ». Avec des
organisations qui ont cette vocation et qui vont devoir mettre ce « nouveau management » au cœur
de leur stratégie ? En ce sens les travaux et l’ouvrage de Claire Thoury sont éclairants. Ils contribuent
à cette réflexion collective autour d’une ESS qui a vocation à se métamorphoser pour être pionnière
de l’alternative du bien-être auquel nous aspirons.

Jean-Louis Virat

164 impasse Prémol 26150 DIE tel : 06.08.25.10.31

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Ecologie au Quotidien 

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