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Économie Sociale et Solidaire et résilience locale

Aux Rencontres de Die et de la Biovallée : une autre façon, écologique, de (bien) vivre (ensemble) et de (bien) travailler (ensemble)

Le consumérisme individualiste, matérialiste et climaticide finira-t-il par nous rendre heureux un jour tout en respectant la planète ? Il est permis d’en douter. Il est alors tentant de rechercher les alternatives possibles. Celle de l’ESS (économie sociale et solidaire) qui a déjà un long passé peut-elle être la ou une réponse ? Telle était au fond le but de cette table ronde [1] du 27/01/22 autour de deux ouvrages intéressants : celui [2] de Camille Dorival, journaliste, ancienne présidente de la revue indépendante « Alternatives Economiques » et organisatrice des JEA (Journées de l’Économie Autrement), et celui [3] de Timothée Duverger, maître de conférences associé à Sciences Po-Bordeaux.

Cette table ronde a été animée par Laurie Debove, rédactrice en chef de la revue « la relève et la peste » et a bénéficié de la participation de Dominique Picard, Référente « agriculture et alimentation durables » du Labo de l’ESS et Présidente de l’association CARMA [4].

Camille Dorival voit dans les valeurs de l’ESS une réelle convergence en faveur de l’écologie même si une partie des acteurs de l’ESS reste encore à convaincre : lucrativité limitée, intérêt général, temps long, gouvernance démocratique, culture de l’expérimentation et de l’innovation, ancrage territorial, coopération, exemplarité, exemple du possible (protection de la biodiversité, agriculture et alimentation soutenable, mobilités durable comme Railcoop, ENR comme Enercoop, économie circulaire, logement et habitat durable…)… même si tout n’est pas aussi parfait dans le monde de l’ESS !

Notons en cette période de « démission ou de renoncement » que ce signal faible pourrait indiquer qu’un nombre croissant de personnes pourraient se reconnaitre dans les valeurs de l’ESS.

Timothée Duverger le pense. Il voit une certaine « affinité élective ESS-écologie », « même si toute l’ESS n’est pas écolo ». Mais pour lui, clairement, l’ancrage territorial de l’ESS est très propice aux pratiques de coopération, à la « construction de problèmes publics que l’on cherche à résoudre », aux coopérations avec le privé, en particulier dans l’IAE (insertion par l’activité économique), avec la possibilité de créer des joint-ventures, au développement humain durable…Tout en soulignant deux enjeux qui peuvent être chacun en tension :

  • Articulation local-global car les petits gestes ne suffisent pas (« utopie-anarcho écologiste »), il faut à la fois sortir de la logique politico-administrative verticale et aller vers de la « coconstruction transversale » et horizontale, ce qui est un gros chantier tout en intégrant le « supranational ». Une bonne orientation serait en cours au niveau Européen.
  • Articulation écologie et social. Ils vont de pair, mais reste encore trop souvent à convertir l’ESS sociale à l’écologie ! Ce qui incite à passer de « l’Etat providence » à « l’État social-écologique » ! Ce qui a du sens.

Ce dernier point, d’une certaine façon, est évoquée par Dominique Picard, très impliquée contre le projet Europacity et pour un projet de territoire du « Triangle de Gonesse », occasion pour elle de souhaiter voir le regard des élus changer. Face à ce projet mégalo, anti environnemental, exprimant la représentation passéiste de nombreux élus sur une conception court termiste des emplois à créer, c’est l’occasion de rêver « un autre chose », avec transition agro-écologique face aux grandes structures agro-industrielles (vs maraichage horticulture élevage service aux habitants…)  donc repenser l’aménagement du territoire, au-delà du « Triangle », en pensant « pays de France » affranchi des limites départementales, bassin cohérent, PTCE, propice à l’émergence de nouveaux métiers, de nouvelles mutualisation, d’une nouvelle image du travail. Il s’agit par conséquent d’un récit qui doit donner envie aux habitants (à l’instar du manger autrement, par rapport à la viande). Ces nouveaux métiers sont plus naturellement pris en compte par l’ESS.  Consécutivement, les élus deviennent des : alliés et non des adversaires, où les contraintes des uns et des autres sont prises en compte, organisation propice au désir de coopération et d’entraide (confiance). Ce changement, assez radical dans la transition sur le territoire, permet de travailler sur des images modernes de la transition, de créer aussi des liens avec les autres territoires (ceinture verte Paris, ceinture verte Barcelone par exemple) et montrer aux élus que ça marche.

Bref, ce témoignage illustre à merveille l’intérêt des valeurs de l’ESS, pour le long terme, le bien-être et l’intérêt général face à un capitalisme qui, au mieux, se voudrait vertueux mais à qui il reste par lui-même à en faire la démonstration. Or dans l’immédiat, l’ancrage territorial et la dimension humaine des structures de l’ESS lui donnent au moins une longueur d’avance. Avec de possibles et nombreuses réalisations concrètes au cœur des territoires n’est-ce pas une sorte « d’exigence de pédagogie » et donc d’exemplarité qui échoit aux acteurs de l’ESS ?

Pour le Laboratoire de la Transition et l’Association des Lecteurs d’Alternatives Économiques,

Jean-Louis Virat

Résumé de la table ronde [1] du 27/01/22 aux XXèmes Rencontres de Die et de la Biovallée 2022

[1] A écouter ou réécouter : https://vimeo.com/671610098?utm_source=email&utm_medium=vimeo-cliptranscode-201504&utm_campaign=29220

[2] Camille Dorival « La transition écologique ici et maintenant », éditions Les petits Matins, collection « Mondes en transitions, 2021.

[3] Timothée Duverger « Utopies locales, les solutions écologiques et solidaires de demain », éditions Les petits Matins, collection « Mondes en transitions, 2021

[4] https://carmapaysdefrance.com/index.php/a-propos/

 

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