Hôpital : Les Français favorables au retour des soignants non-vaccinés contre le covid, si… (photo d’illustration prise le 15 juin 2021 à Paris)
Hôpital : Les Français favorables au retour des soignants non-vaccinés contre le covid

POLITIQUE – Pas de vaccin ? Pas de problème. Les Français sont majoritairement favorables au retour du personnel non-vacciné contre le Covid-19 dans le système de soin. Mais à une condition : qu’ils effectuent un test négatif quotidien. C’est en tout cas ce qui ressort d’un sondage réalisé par YouGov en cette fin novembre à l’heure où le sujet revient sur le devant de la scène.

Ce sont les Insoumis qui ont remis le couvert. Un an après la suspension des infirmiers et autres médecins rétifs à la vaccination contre le Covid, les députés mélenchonistes ont proposé – en vain – leur réintégration à travers une loi à l’Assemblée nationale le 24 novembre dernier. De quoi provoquer un débat éruptif entre les oppositions, favorables à ce retour, et le gouvernement qui ne veut pas lâcher l’affaire.

Dans ce contexte, également frappé par la crise profonde qui secoue l’hôpital, et une tension des soins liée à une triple épidémie (grippe, bronchiolite et Covid-19), la population choisit son camp.

Selon notre étude, réalisée en ligne sur 1 015 personnes dans la foulée de ces rudes discussions au Parlement, 65 % des Français sont ainsi favorables au retour des soignants non-vaccinés s’ils sont testés négatifs. C’est précisément la proposition de la France insoumise qui n’a pas pu être votée à l’Assemblée, en raison, notamment, de la réticence du gouvernement et des macronistes.

Dans l’attente des avis scientifiques

Dans le détail, la tendance traverse toutes les sensibilités politiques. Comme leurs représentants, les électeurs proches de la Nupes (70 %), des Républicains (57 %) ou du Rassemblement national (75 %), sont prêts à cette réintégration. Même les sympathisants du camp présidentiel sont ouverts. Sinon partagés. Dans notre sondage, ils sont 49 % à se dire favorables à ce retour quand 45 % font entendre leur opposition.

De quoi justifier un futur changement de pied du côté d’Emmanuel Macron ? Ce n’est certes pas pour tout de suite. Mais si son gouvernement, par la voix d’Olivier Véran, s’est montré inflexible pendant les débats au Parlement, le chef de l’État a semblé ouvrir une porte vendredi 25 novembre, en marge d’un déplacement à Dijon, en Côte-d’Or.

« Si les scientifiques (…) nous disent que c’est souhaitable d’un point de vue scientifique de réintégrer ces soignants, il faut que le gouvernement le fasse », a ainsi expliqué le président de la République à plusieurs journalistes, pour qui une telle mesure ne peut être « un choix politique. » Une façon de déplacer quelque peu la responsabilité sur ce dossier éruptif à l’heure où l’exécutif attend les avis de la Haute autorité de Santé et du Comité consultatif national d’éthique.

De leur côté, les partisans d’une réintégration font valoir que les vaccins anti-Covid ont perdu beaucoup de leur efficacité contre la transmission de la maladie, bien qu’ils restent protecteurs sur le plan individuel contre les formes graves. Ils jugent également aberrant d’empêcher des soignants d’exercer leur activité dans un contexte de manque de personnel, bien que la proportion de personnes suspendue soit extrêmement minoritaire dans les hôpitaux. Cela concerne « très peu de médecins » et « 1 050 infirmiers », selon le décompte de François Braun à la mi-novembre, « sur 300 000 » environ. Pas de quoi répondre à la pénurie, dans tous les cas.

Anthony Berthelier sur https://www.huffingtonpost.fr

Enquête réalisée en ligne les 28 et 29 novembre sur 1 015 personnes représentatives de la population nationale française âgée de 18 ans et plus. En partenariat avecYouGov.