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1977 : la marche sanglante de Malville

La manifestation de Sainte-Soline n’est pas sans rappeler la marche anti-nucléaire dramatique de Malville en 1977 réprimée dans le sang et les larmes.

1977: la marche sanglante de Malville

Illustration 1

extrait « la bataille de Malville » , réal .Patrice Morel 2007

Il s’agissait déjà d’un mouvement écologiste : les militants anti-nucléaires de France et d’Europe s’étaient rassemblés dans la campagne de Morestel en Isère pour s’opposer à la construction du surgénérateur Super-Phénix, un prototype de centrale présenté comme le nec plus ultra du nucléaire civil, mais qui au final fonctionnera très peu, et sera arrêté victime d’incidents majeurs à répétition.

Ce jour là, le 31 juillet 1977, les décisions et actes irresponsables de la préfecture furent très lourds de conséquence. Protégées par un Etat qui voulait imposer sans concertation ses projets, et par un préfet outrancier, aux méthodes inspirées de la guerre d’Algérie, les forces de l’ordre se livrèrent à un combat sans fioriture aucune qui se solda par la mort d’un manifestant, l’amputation de plusieurs autres, celle également d’un policier, et par 200 blessés environ. Un scénario assez semblable à celui de Sainte-Soline : il s’agissait d’empêcher les 60 000 manifestants d’arriver sur le chantier en construction et pour cela de les amener massivement à Malville et Faverges endroits choisis pour leur interdire l’accès .

Illustration 2

Extrait  : a bataille de Malville, réal. Patrice Morel (2007)

J’ai réalisé en 2007, pour France 3, le documentaire « la bataille de Malville ». On y retrouve à peu près tous les ingrédients actuels de ces actes contestataires en rase campagne, ZAD et autres, ingrédients qui posent également aux organisateurs de ces rassemblements la question de la nature de l’engagement et des responsabilités à assumer .

Voir le documentaire ci-dessous, ou sur YouTube :  https://www.youtube.com/watch?v=twyadGsFe6w

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Combats en rase campagne : Extrait de « la bataille de Malville » , réal. Patrice Morel 2007

31 juillet 1977 à Malville : Vital Michalon est assassiné par la police

Le 31 juillet 1977, parmi 60.000 citoyens qui manifestaient contre la construction du surgénérateur Superphénix à Creys-Malville (Isère), Vital Michalon était tué par l’explosion d’une grenade offensive tirée par les forces de police.

En 1977, pour accueillir cette manifestation d’ampleur, préparée depuis plusieurs mois, le préfet René Jannin a déployé des moyens importants : 5000 CRS, gendarmes et gardes mobiles, hélicoptères, véhicules amphibies, ponts mobiles, un régiment de gendarmes parachutistes et des membres des brigades anti-émeutes. 5500 hectares autour du périmètre de la centrale sont interdits à toute circulation.40 ans du décès de Vital Michalon, tué par une grenade offensive ...

Vital Michalon, 31 ans, est abattu par un tir tendu de grenade lacrymogène. L’autopsie conclura à une mort causée par des « lésions pulmonaires du type de celles que l’on retrouve lors d’une explosion ». Plusieurs dizaines de manifestants sont blessés, dont deux mutilés, Michel Grandjean et Manfred Schultz : l’un perd un pied et l’autre une main. Le CRS Tousot perd aussi une main avec la grenade qu’il voulait lancer.

Rémi Fraisse, Vital Michalon. Deux Une de Libération, toute une ...

Il faut rappeler qu’à l’époque, tous les moyens ont été utilisés pour imposer la construction du Superphénix :

  • aucune procédure de consultation de la population,
  • de puissantes campagnes de désinformation de la part d’EDF et du CEA,
  • de graves violences policières dont celles aboutissant à la mort de Vital Michalon, et à l’amputation de Michel Grandjean et de Manfred Schultz.

Un document récupéré par des antinucléaires a montré que le PDG d’EDF d’alors, M. Boiteux, avait demandé que soit accélérée l’autorisation administrative de construction pour empêcher toute expression démocratique : « La meilleure façon de contrecarrer la contestation (…) est d’engager au plus vite, de manière irréversible, l’opération ».31 juillet 1977 à Malville : Vital Michalon est assassiné par la ...

La suite des évènements a donné raison à Vital et à l’ensemble des manifestants puisque Superphénix a été définitivement arrêté en 1998 après une suite invraisemblable d’avaries. En décembre 2006, EDF a annoncé n’avoir démantelé que 38% du réacteur, mais le plus difficile reste à venir avec les 5500 tonnes de sodium liquide (matière qui s’enflamme au contact de l’air et explose au contact de l’eau…). Depuis son arrêt, 200 personnes sont obligés de travailler en permanence sur le site pour éviter que ça ne s’emballe… alors qu’il n’y a aucune production. Le bilan économique et industriel de ce surgénérateur est catastrophique : 10 milliards d’euros pour 178 jours de fonctionnement effectif. Sans compter ce que cela va coûter en plus pendant des années ; en effet chaque jour on est obligé de fournir à cette centrale à l’arrêt l’énergie comparable à ce que consomme une ville de 15.000 habitants.

Or, malgré l’échec total de Superphénix, l’État français entend renouveler l’expérience : le projet appelé « réacteur de quatrième génération » n’est autre qu’une nouvelle tentative de faire fonctionner un réacteur de type Superphénix.

31 juillet 1977 : Vital Michalon est tué par la police - A l'ouest ...

« État Nucléaire = État Totalitaire ! »

C’est ce que criaient les manifestants en 1977. Nous en sommes toujours au même point. En souvenir de Vital Michalon, et pour préserver les générations futures, nous devons continuer à exiger un débat démocratique sur ce projet dont la dangerosité planétaire est établie.

Malville, 31 juillet 2007 : marche des 30 ans jusqu’à la stèle de Vital Michalon
Malville, 31 juillet 2007 : marche des 30 ans jusqu’à la stèle de Vital Michalon
Malville, 31 juillet 2007 : marche des 30 ans jusqu’à la stèle de Vital Michalon
Les militants Diois antinucléaires étaient à Malville (et dans l’organisation de l’évènement) : Pierre Mousselin (et sa vielle DS Citroën verte) de Ponet-Saint Auban, Claude Marie Chaise et Jean Claude Rochon de Saint-Auban, Sjord Wartena de Vachère en Quint, Claude Veyret de Menglon ( alors en Vercors).

Claude Veyret (reprise de mon papier du 31 juillet 2020 )

claude.veyret26@gmail.com

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