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Loups dans le Massif du Jura : « Des échanges intéressants et respectueux », une première réunion collective pour réussir à faire cohabiter l’élevage et les loups

Deux loups gris dans le parc animalier de Sainte-Croix en France.
Deux loups gris dans le parc animalier de Sainte-Croix en France

Une réunion regroupant des éleveurs, chasseurs, protecteurs du loup ainsi que les autorités publiques a eu lieu ce lundi du côté du Haut-Doubs. Toutes et tous ont salué l’initiative. Des mesures de protection vont être testées « rapidement » a promis le préfet du Doubs.

C’était LA réunion attendue par les éleveurs et les protecteurs du loup. Elle s’est tenue, loin des caméras, du côté de Labergement-Sainte-Marie, dans le Haut-Doubs, ce lundi 3 octobre. Étaient réunis le préfet du Doubs, Jean-François Colombet, Jean-Paul Celet, préfet référent du Plan national « Loup et activités d’élevages », Serge Castel, préfet du Jura, et Cornelis Neet, directeur général de l’environnement du Canton de Vaud en Suisse. Des représentants de l’agriculture ainsi que des associations environnementales et des représentants des chasseurs étaient également présents.

« Les échanges ont été intéressants et respectueux. Nous avons pu avancer. Nous sommes arrivés au constat qu’il faut traiter le sujet du loup comme un sujet de massif et non pas local. Nous avons lancé l’idée que nous devions nous coordonner davantage pour gérer le loup », a expliqué Jean-François Colombet, à notre journaliste Marine Candel, en sortie de réunion.

« Nous avons eu un débat. Une liberté de parole. Ce temps de travail annonce d’autres temps de travail », a confirmé Jean-Paul Celet, préfet référent du Plan national « Loup et activités d’élevages ». Une véritable coopération va notamment débuter avec les autorités suisses pour mieux coordonner les actions de protection des exploitations agricoles.

Jean-François Colombet, préfet du Doubs.
Jean-François Colombet, préfet du Doubs.

« Evidemment, personne ne veut la disparition du loup »

« On ne connaît pas assez la manière dont se comportent les meutes. On ne pourra avoir une protection efficace que si on s’adapte à ce comportement. Les chiens de protection, par exemple, sont un moyen efficaces, mais dans la mesure où il y a plusieurs lots (ndlr, troupeaux) éloignés, ce n’est pas un moyen universel », a-t-il poursuivi, mettant en avant la particularité de l’élevage sur le massif du Jura, composé essentiellement de bovins.

« Evidemment, personne ne veut la disparition du loup sur ce massif et tout le monde veut que l’élevage continue à prospérer. Donc il nous faut trouver le chemin d’équilibre, en conduisant des expérimentations », selon le préfet du Doubs.

La cohabitation est indispensable, car la France est engagée à protéger l’espèce lupine. En même temps, nous voulons conserver notre élevage extraordinaire. Le chemin existe. Nous allons ensemble l’emprunter.  : Jean-François Colombet, préfet du Doubs

L’Office Régional de la Biodiversité va avoir le soin d’effectuer « très rapidement » des expérimentations de moyens de protection sur les troupeaux des élevages du Haut-Doubs et du Jura. « Sans doute faudra-t-il en inventer d’autres qui soient plus efficaces encore », a ajouté Jean-François Colombet, expliquant que les mesures seraient financées à 50% par la Région Bourgogne-Franche-Comté et à 50% par l’État.

Un loup (photo d'illustration).
Un loup

« La cohabitation est possible, elle va être un vrai challenge »

« J’ai trouvé que c’était intéressant. On est tous dans le même bain. Le loup attaque tout le monde. On n’a pas le choix, il est là. Il faut qu’on s’en sorte tous ensemble et soudés. C’est dur et on a encore beaucoup d’émotion mais il faut de la transparence, et du dialogue », a quant à elle témoigné Manon Riblet, paysanne dans le Doubs et membre du collectif de la Confédération paysanne.

Natacha Bigan, présente pour Férus, une association de protection des grands prédateurs, s’est dite très satisfaite de la tenue de cette réunion, malgré des avis évidemment divergents. « Pour nous, ce qui est important c’est de garder en tête que la cohabitation est possible. Elle va être un vrai challenge », a-t-elle expliqué à notre journaliste présente sur place. Et d’attendre avec impatience de nouvelles rencontres fructueuses : « Il faut se pencher tous ensemble sur la question, autour de la table, pour des solutions innovantes, multiples et qui sont possibles si on ne place pas le tir en première réponse. Des solutions existent ».

Aucune nouvelle attaque n’est à déplorer sur les troupeaux francs-comtois depuis qu’une louve a été abattue le 20 septembre, après de nombreuses attaques sur des animaux ces derniers mois. La trace génétique de l’animal est en train d’être réalisée par des experts, pour savoir s’il appartenait à la meute du Marchairuz ou à celle du Risoux, les deux seules meutes officiellement reconnues par les autorités.

D’autres réunions de travail collectif doivent avoir lieu dans les mois qui viennent pour mener à bien cet ambitieux projet de cohabitation, nécessaire tant pour la survie des éleveurs que pour celle des loups dans notre région.

Sarah Rebouh sur France3

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