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VIDÉO. Autoroute A69 : une journaliste de France 3 projetée au sol par des gendarmes lors d’un reportage sur l’opposition au chantier

https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/tarn/albi/video-autoroute-a69-une-journaliste-de-france-3-projetee-au-sol-par-des-gendarmes-lors-d-un-reportage-sur-l-opposition-au-chantier-2944740.html

La journée du dimanche 24 mars 2024 sur le site de la Crem’arbre, à Saix près de Castres (Tarn), a été marquée par une nouvelle entrave à la liberté de la presse. Une journaliste a été violemment poussée au sol par une gendarme alors qu’elle tentait d’accéder au site situé sur le tracé de l’A69. Une situation dénoncée par la direction de France 3 Occitanie.

La journée du dimanche 24 mars 2024 avait bien commencé avec les forces de l’ordre sur le site de la Crem’arbres, à Saix près de Castres (Tarn), où des opposants occupent des arbres pour s’opposer au chantier de l’autoroute A69. « Ce matin, ça s’était très bien passé. On nous avait laissé circuler, sans problème. À midi, ils nous ont demandé de quitter la zone. Ce que nous avions respecté en indiquant que nous reviendrons un peu plus tard pour la descente des « écureuils«  », raconte Harmonie Pacione, journaliste reporter d’images (JRI) pour France 3 Occitanie.

Un tournage sans problème, jusqu’en début d’après-midi

Pourtant, en début d’après-midi, l’équipe de France 3 Occitanie s’est retrouvée bloquée et Miryam Brisse, journaliste rédactrice à la locale d’Albi, projetée au sol par une gendarme. Un nouvel épisode d’entrave à la liberté de la presse subie depuis plusieurs mois par les journalistes dans la couverture de cette actualité.

A lire : Opposants à l’autoroute A69 : « On a été sauvé par les mésanges », les « écureuils » descendent des arbres, la justice leur a donné raison

Les deux journalistes du service public sont là pour filmer la descente des « écureuils » installés depuis un mois dans des arbres situés sur le tracé de la future autoroute A69. « Lorsque nous sommes arrivés, on nous a demandé d’attendre. Nous voulions accéder au site par ce chemin, qui est une voie publique, car nous avions peur de louper la fin de l’occupation de la Crém’arbre. Nous avions le droit de passer par là, puisque jusqu’à présent, nous avions eu une autorisation. Il n’y avait donc aucune raison qu’ils nous bloquent« , rapporte Harmonie Pacione.

Mais les minutes passent et les deux journalistes comprennent qu’elles ne pourront avancer qu’après la descente des militants anti-A69. Bien trop tard pour tourner des images. Après des pourparlers, sans effet, elles décident donc de passer.

Empêchées de passer

« Nous avons vu qu’à l’autre bout du chemin, tous les soutiens aux « écureuils » bougeaient pour accéder aux arbres, explique la journaliste Miryam Brisse. Je décide donc de m’avancer et forcément, ils m’empêchent de passer. »

Une gendarme pousse alors violemment la reporter qui est projetée au sol, comme on peut le voir dans cette vidéo.

durée de la vidéo : 00h00mn25s
reprendre la vidéo
Alors qu’elle tente d’accéder au site des « écureuils », une journaliste de France 3 Occitanie est violemment projetée au sol par une gendarme.©Harmonie Pacione – FTV

 

« Je suis restée calme pour le moment, crie la membre des forces de l’ordre après l’incident. Je ne veux pas vous faire mal. » La journaliste n’a rien physiquement, mais cet événement est un nouvel épisode des difficultés rencontrées par les journalistes qui couvrent cette actualité du chantier de l’autoroute A69 depuis plusieurs mois.

A lire : Autoroute A69 : face aux entraves contre les journalistes, le préfet prend des engagements, mais les difficultés persistent

« Une nouvelle étape de franchie »

Une situation dénoncée par Claire Combes, directrice régionale de France 3 Occitanie : « Voilà plus d’un an que les journalistes de France 3 Occitanie sont gênés dans l’exercice de leurs fonctions par les forces de l’ordre le long du tracé de l’A69. Une nouvelle étape a été franchie cet après-midi lorsqu’une journaliste de France 3 Tarn a été violemment poussée à terre par un officier de gendarmerie alors qu’elle tentait de rejoindre son lieu de tournage. La direction de France 3 Occitanie condamne fermement ces violences et atteintes à la liberté de la presse et apporte son soutien total aux journalistes dont le travail a été une nouvelle fois entravé aujourd’hui. »

A lire : Protection des opposants à l’autoroute A69, enquête et sanctions contre les forces de l’ordre : charge sévère du rapporteur de l’ONU

En février dernier, le rapporteur de l’ONU constatait que « la presse et les membres de l’Observatoire toulousain des Pratiques Policières ont été tenus à une distance importante du site de la « Crem’Arbre », dans une zone avec une visibilité extrêmement limitée ». Michel Forst avait demandé aux autorités françaises « de faciliter le travail de la presse et des observateurs ». 

Dans l’après-midi, le préfet du Tarn s’est excusé auprès des journalistes de France 3 Occitanie.

Sylvain Duchampt

1 Commentaire

  1. Medias Citoyens Diois

    Défense de l’environnement : FNE dépose des plaintes à l’ONU pour mettre fin à la criminalisation

    « Contrôler, surveiller, intimider, criminaliser, réprimer, brutaliser les défenseurs de la nature est inacceptable dans un État de droit qui doit compter sur la démocratie environnementale pour construire les solutions de demain », s’indigne Antoine Gatet, président de France Nature Environnement (FNE).

    La fédération d’associations de protection de l’environnement annonce, ce vendredi 21 mars, avoir déposé avec l’Association de protection, d’information et d’études de l’eau et de son environnement (APIEE) et Alternatiba Poitiers deux plaintes devant le rapporteur spécial sur les défenseurs de l’environnement de la Convention d’Aarhus. Cette convention, ratifiée en juillet 2002 par la France, garantit l’accès à l’information, la participation du public au processus décisionnel et l’accès à la justice en matière d’environnement.

    « Depuis Sainte-Soline, le Gouvernement n’a eu de cesse de criminaliser les défenseurs de la nature et d’étouffer la démocratie environnementale, dans une logique de contrôle et de répression de la société civile », explique FNE dans un communiqué. À la suite des manifestations d’octobre 2022 autour de la construction de la mégabassine dans le département des Deux-Sèvres, l’APIEE s’est vu retirer des financements et exclure des comités locaux de la politique de l’eau par la préfète des Deux-Sèvres pour des prétextes « pour le moins légers » (post Facebook dénonçant la disproportion des mesures policières, devis imaginaire pour des toilettes sèches, etc.), dénonce l’ONG.

    « Plusieurs associations ont fait les frais d’une application abusive du contrat d’engagement républicain (CER), présenté comme un outil de lutte contre le « séparatisme » et utilisé dans les faits pour museler la liberté d’expression », accuse également FNE. « L’association Alternatiba Poitiers en a fait les frais en 2022, lorsque le préfet de la Vienne a demandé à la commune de Poitiers et à la communauté urbaine de Grand-Poitiers de retirer les financements accordés à l’association, estimant notamment que l’organisation d’ateliers de formation à la désobéissance civile étaient incompatibles avec le CER », témoigne la fédération d’associations de protection de l’environnement.

    En février dernier, le rapporteur spécial sur les défenseurs de l’environnement, Michel Forst, a alerté sur une tendance à la hausse de la répression et de la criminalisation des défenseurs de l’environnement dans de nombreux pays européens, dont la France. Le poste de rapporteur a été créé en juin 2022 par la Commission économique des Nations unies pour l’Europe (CEE-ONU). « Le rapporteur spécial, dont le travail sera soutenu par le secrétariat de la Convention d’Aarhus, dispose de divers outils pour résoudre les plaintes et protéger les défenseurs de l’environnement de manière rapide et efficace », avaient alors annoncé les services de l’ONU.

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