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Et si nous commencions nous mêmes sans attendre à « Vivre des jours heureux » ?

Le « Bien Vivre », le « Buen Vivir » ne deviendra un véritable projet de société que s’il est incarné par un mouvement qui le prend suffisamment au sérieux pour s’organiser en conséquence autour de cet axe. Il nous faut en faire un enjeu d’expérience et pas seulement d’espérance. Pour qu’une transition vers des sociétés du bien vivre soit possible il faut qu’il soit désirable. C’est parce qu’une anticipation par un nouveau type de mouvement social et citoyen de formes d’organisations politiques économiques éducatives, etc… aura créé à la fois ce désir et la démonstration qu’il est réalisable que des forces beaucoup plus nombreuses pourront en faire eux mêmes un projet. L’ambition de projets aussi ambitieux et radicaux que celui de la Sécurité sociale porté par le CNR n’aurait pas été concevable si le mouvement ouvrier n’avait pas commencé à faire des caisses de secours mutuel non seulement un enjeu de résistance mais aussi d’expérimentation anticipatrice. C’est donc la stratégie du REVE proposée par les états généraux de l’économie sociale et solidaire qu’il nous faut mettre en œuvre avec le V de la vision transformatrice qui débloque l’imaginaire, le E de l’expérimentation anticipatrice qui l’incarne, qui donne au R de la résistance un caractère créatif (sans quoi elle peut tourner à la révolte désespérée). Et, en facteur commun, le dernier E celui de l’évaluation démocratique entendue au sens fort d’organisation de la délibération citoyenne sur ce qui fait valeur, valeur au sens originel fort de  de force de vie. On peut même y ajouter un second R celui de la Résilience refondatrice si nous sommes conduits, comme on peut le craindre, à affronter des situations d’effondrements provoqués par les années d’irresponsabilité écologique, sociale et financière de l’hypercapitalisme. Auquel cas notre projet devient REVER ce qui n’est pas inutile dans des temps qui peuvent être cauchemardesques (cf l’édito d’Hugues Sibille président du labo de l’Ess).

La convivialité et la bienveillance ont toujours prévalu à Ecologie au Quotidien

Nous devons donc construire une véritable « alliance des forces de vie » capable non seulement de résister aux logiques mortifères mais aussi de promouvoir cette grande Transition vers des sociétés du Buen VIVIR, du bien Vivre dans la lignée des appels d’Edgar Morin, de Nicolas Hulot, des Colibris, du manifeste convivialiste, de films comme « Demain » , « Sacrée croissance » ou « En quête  de sens » et de toutes les initiatives qui manifestent dans le monde entier une formidable créativité culturelle, écologique, sociétale et citoyenne.

Au cœur de ce Projet de Transition vers une société du bien vivre il y a cependant un point aveugle important qui faute d’être compris et pris en compte pleinement conduit nombre de projets transformateurs à l’échec ou à voir limitée leur Puissance créatrice. Ce point aveugle c’est que nombre de projets alternatifs dans l’histoire ont fini par échouer, non par la force de leurs adversaires (le capitalisme, le despotisme par exemple) mais par insuffisance d’énergie créatrice intérieure. Le communisme par exemple s’est détruit de l’intérieur et a  produit ces caricatures mortifères de régimes totalitaires qui finissaient par rendre par comparaison le capitalisme désirable pour les populations qui en subissaient l’oppression. La magnifique vision du socialisme jauressien a été détruite beaucoup plus par la perte de vision transformatrice des partis qui s’en réclamaient (nous en avons une triste démonstration en Europe) que par un rapport de force défavorable. Plus près de nous les échecs de tentatives de « politiques autrement » telles celles proposées par l’écologie politique ont là aussi échoué de l’intérieur pour l’essentiel. Toujours on retrouve, si on analyse les causes de ces échecs, le fait que des formes de mal de vivre, de mal être, voire de maltraitance étaient fortement présents au cœur de ces mouvements. Or tout mal de vivre collectif ou individuel se traduit par un déficit d’énergie intérieure qui conduit à rechercher à l’extérieur l’énergie manquante. Cela se traduit par la rivalité dans les rapports avec autrui, la prédation dans les rapports à la nature et par la dépression dans les rapports à soi même. A ce titre il n’est pas sans intérêt de voir comment des problèmes dits « personnels » ont joué un rôle décisif dans des bifurcations négatives de forces transformatrices : Qu’il s’agisse de Danton et de Robespierre, de Marx et de Proudhon, de Lénine et de Trotsky de Castro et de Mao etc. la liste est longue de ces influences négatives de manque de sagesse et de bien vivre intérieurs qui se traduisent par des formes brutales dans les modes d’organisation et de leadership. On peut sans difficulté en trouver de nombreux exemples dans l’actualité des organisations auxquelles nous appartenons les uns et les autres

C’est dans cette perspective qu’au Forum social mondial de Porto Alegre nous avions proposé à plusieurs « l’axe TPTS » c’est à dire la nécessité d’avancer simultanément sur le terrain de la transformation personnelle et sur celui de la transformation sociétale. Le déficit énergétique provoqué par l’insuffisance de joie intérieure débouche sur la compensation de ce que le philosophe Spinoza nommait les passions tristes. Si, en termes écologiques, le mal-être est aussi à l’origine des formes boulimiques de productivisme et d’extractivisme,  seule une sobriété heureuse,  (à condition d’insister sur ce second terme), est de nature à inverser ce processus délétère.

Prenons un exemple rarement évoqué dans nos milieux,  celui de ce que l’on peut appeler le défi de l’ABS c’est à dire le triple rapport à l’Amour, au Bonheur et au Sens qui est au cœur des grandes questions humaines qu’elles soient personnelles ou sociétales. Si, à l’image des expressions populaires, ces trois recherches fondamentales d’amour, de bonheur et de Sens qui meuvent les êtres humains sont vécues comme interdites, inaccessibles ou, pire, dangereuses, aucune alternative profonde n’est réellement possible. Si l’amour est intrinsèquement  associé à la chute (tomber amoureux, tomber enceinte etc.), le bonheur à l’ennui (les peuples heureux n’ont pas d’histoire) et le Sens à la guerre, alors la perspective d’une société du bien vivre s’éloigne ou devient purement idéologique. Pourtant rien ne justifie cette vision sinistre. On peut s´élever en qualité d’amour, vivre intensément « à la bonne heure » dans une qualité de présence à la vie et considérer la pluralité des traditions de Sens comme une chance pour l’humanité à condition de ne pas s’enfermer dans des logiques dogmatiques. Mais ceci n’est possible que si la qualité de conscience et de présence à la Vie nous permet cette progression. La Joie de Vivre au cœur du Bien Vivre constitue l’alternative individuelle et sociétale aux économies du mal-être et de la maltraitance. Ainsi, selon les Nations unies, les dépenses annuelles de drogue et de stupéfiants représentent dix fois les sommes qui permettraient la satisfaction des besoins vitaux de l’humanité et les dépenses d’armement vingt fois ! Ajoutons que la publicité qui participe de cette économie du mal-être en vendant des promesses dans l’ordre de l’ETRE (beauté, bonheur…) pour mieux alimenter la course à l’AVOIR est évaluée elle aussi a plus de dix fois les sommes requises pour éradiquer la faim, permettre l’accès à l’eau potable ou  aux soins de base.

Ainsi il est impératif d’œuvrer dans le sens de notre propre transformation en nous posant la question : comment commençons nous nous mêmes à vivre ces jours heureux dont nous proclamons la nécessité ? Comment construisons nous un écosystème permettant l’accès de ses membres aux biens et services fondamentaux en mutualisant aussi bien les nouveaux outils que sont les nouveaux indicateurs de richesse, les nouvelles formes d’échange (monnaies citoyennes, SEL, réseaux d’échange réciproques de savoirs,  etc…), les leviers de l’épargne solidaire et de la banque éthique, les formes de mutation du travail et de l’emploi (ex territoires zéro chômeurs).

Comment construisons nous des formes de coopératives politiques qui rompent avec les formes de la politique compétitive et égotique qui a conduit les courants de gauche et d’écologie à l’échec encore récemment ? Comment nous approprions nous les nouvelles approches éducatives de mouvements comme le Printemps de l’éducation ? Comment expérimentons-nous des formes de spiritualité laïque permettant que les questions du sens soient présentes dans nos échanges mais sous des formes alternatives aux fondamentalismes religieux ? Comment nous intéressons nous aux nouvelles formes de l’art d’aimer, aux nouveaux rapports entre hommes et femmes entre adultes et enfants, en nous souvenant que des anticipateurs comme Charles Fourier, Rosa Luxembourg ou Marcel Mauss considéraient qu’il n’y  a a pas de transformation sociale possible sans mobilisation de l’énergie amoureuse ?

Il nous faut donc aussi ouvrir ce débat,  recenser les expérimentations qui peuvent alimenter cette capacité à  vivre individuellement et collectivement en conjuguant le sens et la joie à repérer toutes les innovations et expérimentations du bien Vivre, du bien communiquer, du bien décider ensemble, en se basant sur les valeurs de bienveillance, au sein de l’écosystème global que constituent les acteurs qui œuvrent pour  » la Grande Transition”. Par exemple comment pouvons nous résister à ces nouvelles «cadences infernales » que produisent les sociétés de flux tendus et nous organisons nous de manière à coopérer pour ralentir grâce à notre convergence « arc en ciel » où nous avons la possibilité d’arrêter de vouloir faire tout tout le temps puisque pratiquement chaque mois , un projet, un événement de notre grande famille potentielle du bien vivre est organisé en jouant de la biodiversité de nos couleurs et en réservant les temps de co construction communs à des projets ou des évènements à co construire ensemble tels par exemple les Journées de la Transition ? et le fait qu’une université ou une campagne d’Attac ait une couleur différente que celles des colibris ou de l’appel des solidarités initiée par la fondation Nicolas Hulot et Emmaüs, ou le mois de l’économie sociale et solidaire  est alors une chance et non une limite tout comme la possibilité de construire une reliance entre des monnaies locales et citoyennes comme le propose le mouvement Sol. Simplement il est important comme l’avait proposé l’initiative « osons demain » de rendre alors visible cette grande famille par des signes symboliques (logos, labels, outils communs de communication etc…) afin de la rendre visible et que par exemple les deux millions de personnes qui se reconnaissent dans des films comme Demain ou Qu’attendons nous ? Puissent se dire : oui nous avons la possibilité de vivre dans la durée ce qui nous a fait vibrer le temps d’une séance !

Patrick VIVERET est intervenu  deux fois aux Rencontres de l’Ecologie de Die et de la Biovallée.

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