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« Nous sommes la forêt qui se défend

Constituer des lieux,

Des lieux abrupts et pourtant praticables

Des lieux rapides mais qui savent se faire immobiles

Des lieux d’une extrême exigence mais aussi d’une folle légèreté

Où quelque chose commence à grandir

Commencer à parcourir la forêt, à entrer en forêt, c’est quitter tout un ordre

L’ordre des chiffres, des mesures, des lois gravées dans le sol

Faire consister une force commune, se tenir ensemble

Des racines dans le ciel et le vent qui nous portent

S’ancrer, oui

Se propager, oui

Êtres forêts

Nous en avons plus qu’assez du monde de l’économie et des ingénieurs

Nous lui préférons un tout autre espace

Il y a de la forêt partout, partout où de l’hétéroclite surgit, nouveaux sauvages, aux gestes élancés vers un dehors désirable

Se dresser, faire relais, dans un même mouvement

Qu’on se le dise, la forêt n’est pas un gisement de biomasse, une réserve de biosphère, un puits de carbone, c’est un rapport au monde

Et si dans les esprits ressurgissent les Communes, tout un peuple des forêts, ce n’est pas pour être fantasmés mais pour exercer une mémoire opérante, affûtée pour le présent

Quant aux prêtres de la Civilisation, ceux-là mêmes qui voudraient venir nous donner des leçons d’écologie de cabine, nous n’embarquerons pas dans leur « vaisseau spatial terre »

Nous ne nous laisserons plus gouverner

Nous sommes la forêt qui se défend »

Jean-Baptiste Vidalou

Finale du livre « Être Forêts – Habiter des territoires en lutte », 2017 Editions La Découverte, pp.196-197

Nous sommes la forêt qui se défend

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